Li Shuang, née en 1957, à Pékin, est issue d'une famille aux origines culturelles bien diverses : sa mère descend d'une noblesse tibétaine déracinée, exilée vers la province maritime du Shandong, et son père appartient à une famille d'intellectuels persécutés au cours des diverses campagnes politiques qui se sont succédées en Chine.

 

Ce mélange a façonné sa résilience, autant que son parcours artistique. Brièvement scénographe au Théâtre National de la Jeunesse, elle est renvoyée en 1979 pour avoir rejoint le tout premier groupe de l'avant-garde artistique chinoise, les Étoiles, et participé à ses manifestations artistiques et politiques.

 

En 1981, elle est arrêtée par la police sous l’accusation de concubinage avec un étranger. Pendant son incarcération, elle refuse de dénoncer ses amis du groupe des Étoiles, ce qui lui vaut une condamnation à deux ans de prison, dont une bonne moitié à l’isolement. Peu avant l’échéance, elle est libérée grâce à une intervention du Président français François Mitterrand. En 1984, elle se rend à Paris pour épouser son fiancé français, Emmanuel Bellefroid, et s'y installer définitivement. Après sa libération, le ministère chinois des Affaires civiles promulgue une nouvelle réglementation plus souple sur le mariage des citoyens chinois avec des étrangers.

 

Depuis 2007, Li Shuang vit dans un petit village forestier près de Fontainebleau, où elle trouve une source d'inspiration renouvelée dans la nature, qu'elle chérit. Après 2020, elle a publié - en chinois - plusieurs ouvrages, dont Célébrer la mort et Retour à travers les mers de sable.

 

Son autobiographie, 爽 Shuang, non-censurée, publiée avec succès en Chine en 2013, témoigne de son courage face aux épreuves, tandis que sa vision artistique éclaire son parcours : « L’art, cadeau des étoiles, porte en lui une conscience éveillée, une flamme à préserver dans chaque instant de création. »